Marie Vassilieff, "Poupée sculpture, portrait de Blaise Cendrars", [1923] |
Après avoir vu et revu l'exposition qui lui est consacrée au Musée des Beaux-Arts de La Chaux-de-Fonds, j'ai réalisé que Blaise était un type qui n'arrêtait jamais de se lancer des défis, un gars qui n'avait pas délimité son art, un artiste qui se lassait aussi vite, prêt à aborder une nouvelle découverte dès que l'actuelle était en voie d'acquisition... Il était aussi un affabulateur... Je ne sais pas qui était Cendrars, dans le fond !
En 1904, au vu de ses mauvais résultats scolaires, il est envoyé en apprentissage à Moscou et surtout à Saint-Pétersbourg, alors en pleine effervescence révolutionnaire. Jusqu'en 1907, il y travaille chez un horloger suisse. À la Bibliothèque impériale, dont il devient l'habitué, un bibliothécaire, R. R., l'encourage à écrire. Freddy commence à noter ses lectures, ses pensées. Il aurait alors écrit La Légende de Novgorode, de l'or gris et du silence. Pour lui faire une surprise, R. R. l'aurait traduit en russe et fait imprimer à 14 exemplaires en blanc sur papier noir. Du vivant de Cendrars, personne n'a jamais vu ce livre qu'il a pourtant fait figurer en tête de toutes ses bibliographies à partir de Séquences (1913). Beaucoup doutaient de son existence, lorsqu'un poète bulgare en découvre un exemplaire, en 1995, chez un bouquiniste de Sofia. Depuis lors, l'authenticité de cette plaquette fait l'objet de controverses, ce qui enrichit la mythologie du poète de nouveaux épisodes.
C'est à New York que naît vraiment Blaise Cendrars, où il a rejoint sa compagne Féla après plusieurs mois de misère et de vagabondages entre Bruxelles, Paris et Saint-Pétersbourg. L'isolement et le découragement de la nuit de Pâques 1912 lui inspirent un poème au ton nouveau, Les Pâques : publié sous le nom de Blaise Cendrars à son retour à Paris la même année, il lui ouvre rapidement les portes des milieux d'avant-garde parisiens. Pour Cendrars, l'acte de création artistique a lieu lorsque le poète est
tel une braise, qui se consume au cours de la création, puis s'éteint
pour se transformer en cendres. C'est pourquoi il choisit son pseudonyme
Blaise comme braise, et Cendrars comme cendre.
Sa jeunesse russe a-t-elle vraiment laissé à Cendrars le loisir de faire le mythique voyage du Transsibérien ? Sa fameuse réplique à Pierre Lazareff éludait la question tout en se voulant sans appel : "Qu'est-ce que ça peut te faire. puisque je vous l'ai fait prendre à tous ?"
Outre Apollinaire et les Delaunay, il se lie d'amitié avec des personnalités artistiques et littéraires : Chagall, Léger, Survage, Modigliani, Csaky, Archipenko.
Marie Vassilieff, Picasso et Cendrars qui dansent |
Cendrars journaliste ? Peut-être... |
Abel Gance, J'accuse, 1918-19, film sur lequel Cendrars a découvert les rouages du cinéma en faisant de la figuration |
Autant de vies nouvelles et
parfois inédites, subtiles correspondances entre peinture et prose du poète dialogues
avec l'univers pictural ou l'écoute de la
musique de Honegger, Milhaud, Satie ou Stravinski, confrontation avec les arts premiers, approche du
septième art…
Une peinture de Chagall et un poème de Cendrars |
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