Ziegler, quel Ziegler ? Ça aurait pu être un footballeur (Reto) ou un auteur metteur en scène (Dominique). C'est Jean qui nous a rendu visite le 16 décembre. Il faisait la tournée des popotes pour promouvoir son "nouveau" livre Retournez les fusils ! Choisir son camp. Nouveau, pas tout à fait, il s'agit d'une réédition du même titre vieux de 34 ans, dont le sous-titre était alors Manuel de sociologie d'opposition. Pourquoi le rééditer aujourd'hui ? Parce qu'il est d'une incroyable
actualité. Jean Ziegler a choisi d'actualiser ses thèmes de prédilection et de les enrichir de
développements neufs, liés notamment à ses années de combat à l'ONU.
Il est partout, Ziegler, sur France Inter , sur RTS Espace 2, certainement sur des tas de médias que je n'ai pas eu la patience de voir défiler sur mon écran. Sur TV5 Monde aussi, toute la planète le connaît du coup :
Jean Ziegler (né en 1934 à Thoune dans le canton de Berne) est un homme politique, écrivain, altermondialiste et sociologue. Il a été rapporteur spécial auprès de l’ONU sur la question du droit à l’alimentation dans le monde. Il est l’auteur de nombreux ouvrages dans lesquels il analyse notamment cette question, et est également connu pour cette phrase : « l'agriculture mondiale peut aujourd'hui nourrir 12 milliards de personnes [...]. Il n'existe donc à cet égard aucune fatalité. Un enfant qui meurt de faim est un enfant assassiné. » Il le dit, il est extrêmement privilégié, l'a toujours été : né du bon côté, blanc comme seulement 13% des habitants qui dominent la planète, son père était président du tribunal de Thoune et colonel d'artillerie, il a pu faire des études (un doctorat en droit et un en sociologie), a été
rapporteur spécial pour le droit à l'alimentation du Conseil des droits
de l’homme de l’Organisation des Nations unies de 2000 à 2008, est actuellement membre du
comité consultatif du conseil des droits de l'homme des Nations unies, a été professeur de sociologie à l'Université de Genève jusqu'en 2002
et à l'université de la Sorbonne à Paris. Un joli parcours... (pour les détails, c'est ici).
Le Club 44, c'est des "Voyages en tête-à-têtes avec le monde…", un espace unique et atypique qui organise et accueille des conférences, débats et rencontres avec la volonté de stimuler la curiosité, de cultiver l’échange et découvrir le dialogue dans un contexte apolitique et areligieux. Fondé en 1944 par l’industriel chaux-de-fonnier
Georges Braunschweig, le Club 44 a, dès ses débuts, souhaité offrir au
public de la région des regards multiples sur le monde et inviter les
personnalités qui animaient la vie intellectuelle et sociale du moment. L’institution
était alors privée, entièrement soutenue par l’entreprise Portescap et
réservée à ses membres, masculins exclusivement jusqu’en 1971. Depuis
les années 80, le Club 44 est une association à but non lucratif,
ouverte à toutes et tous. Des orateurs illustres s'y sont exprimés (à retrouver dans la médiathèque ) : Jean-Paul Sartre, François Mitterrand, Ella Maillart, Hubert Reeves, Jeanne Hersch, Nicolas Bouvier, François Truffaut, Mario Botta, Edwy Plenel, Bernard Stiegler, Yves Michaud, Régine Robin, Jean-François Kahn, Raphaël Enthoven et de nombreux autres. (Club 44)
Jean Ziegler au Club 44 était donc une soirée à ne pas manquer... surtout pour voir le vieux lion rugir, pour entendre ses mots fétiches : oligarques, inégalités, intolérable, ordre cannibale du monde, démocratie sociétale... pour qu'il nous envoie en pleine figure des noms : Chomsky, Trotski, Brabeck... Mais dans le fond, malgré le fait qu'il ait déclaré être heureux (ou fier ou privilégié, je ne m'en souviens plus) de se retrouver dans ce repaire de gauchistes, il ne nous a pas gratifié d'un traitement de faveur, j'ai retrouvé sur les sites des radios quasi mot pour mot ce qu'il nous a dit. Ziegler a fait son show devant une salle d’inconditionnels. Quelques personnes ont eu le privilège de poser une question, les réponses du maître étaient tellement "généreuses" qu'on se rappelait à peine de la question et, surtout, que je n'étais pas très sûre que questions et réponses correspondaient...
Bref, je n'ai pas été sous le charme comme je peux l'être quand je lis ses ouvrages, parce qu'il se met trop en scène ? parce qu'il n'avait pas envie d'être avec nous ? parce qu'il a commencé sa tournée de promo en octobre et qu'il en a marre de se répéter ? parce qu'il a 80 ans et qu'il en a marre que le monde ne s'améliore pas ? parce qu'il n'était pas en forme... ?
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