samedi 30 août 2014

Le parfum et l'odeur


En 2010, j'ai dû appréhender la "corvée" des lessives différemment. D'abord, il a fallu que je m'habitue à avoir une machine à laver qui ne parlait que chinois. Quelques mois plus tard, il fallu que je me rende à l'évidence, une machine à laver sur le balcon en plein hiver, ce n'est pas idéal, l'eau dans les tuyaux gèle et parfois fait sauter les tuyaux. J'ai aussi appris à laver les pinces à linge, les stocker sur la machine, sur le balcon, les rendait drôlement grises. Enfin, je me suis acclimatée à n'avoir à choisir qu'entre 2 liquides de lavage, Omo et Ariel - j'en ai découvert quelques autres plus tard, des USA ou d'Allemagne, donc sans intérêt pour moi puisqu'ils ne me rappelaient rien. Les produits habituels chinois étaient peu parfumés, un souffle agréable en ouvrant la bouteille et c'était tout. Le linge sentait le propre après lavage, un souvenir de mon enfance qui avait disparu sous des effluves de parfums chimiques, un souvenir qui remontait à la surface et qui en entraînait d'autres dans son sillage.


J'ai aussi eu le plaisir de profiter d'une deuxième machine à laver, placée dans un local intérieur cette fois. Elle ne gelait plus, mais c'était bien son seul avantage. Elle ne chauffait pas l'eau (courant en Chine) et se bloquait dès qu'elle jugeait que la charge était bien trop lourde pour ses vieux rouages, une paire de jeans pouvait vite la décourager. Mais toujours cette odeur de propre qui se glissait discrètement dans l'appartement. Odeur que j'ai retrouvée au troisième essai - le bon enfin, machine bilingue, neuve, dans la cuisine, bonne capacité, lavage jusqu'à 95°C, séchage...


Et me voici à ré-apprivoiser ma machine, celle que j'avais choisie moi-même. Elle va bien, merci. S'il n'y avait que cela, je ne me fendrais pas d'un billet. Non, le truc qui me dérange, qui m'indispose, c'est le parfum qui envahit mon appartement dès que je la fais fonctionner. Ça fait quelques semaines que je "fais avec". Et puis il y a quelques jours, quand je suis entrée dans la pièce qui abritait mon linge faute de pouvoir sécher dehors, j'ai été prise d’écœurement, presque de nausée d'avoir mes narines pareillement agressées. A force de sentir bon, mon linge propre pue !


A quoi donc pensent les chimistes et les fabricants de lessives ? Après nous avoir convaincus que leur produit lavait plus blanc, qu'il ménageait mieux les couleurs, qu'il enlevait les taches discrètes ou rebelles, qu'il n'usait plus nos vêtements, il me semble qu'ils ont décidé de nous persuader que nos fringues devaient sentir fort pour prouver qu'elles étaient propres. Oh, avec des noms charmeurs : Montagne Essentielle, Flower Moments, Spring Time, Summer Breeze, Fraîcheur Lavande, Tropical Flowers & ylang ylang, Aloe Vera, Glacial, Oasis, Brume de Printemps...

L'ennui est que tout sent fort, le vêtement lavé avec un parfum pacific dream, rincé orchid, séché florence, posé sur un corps lavé verveine citron, hydraté au lait de coco... Et je rencontre des gens qui déclarent ne pas utiliser de parfum. Et l'odeur du propre, juste ça ?

Au lieu de m'énerver, je préfère sourire en regardant ce vieux sketch de Coluche pendant que ma machine tourne avec un produit pour bébés, sans adjonction de parfum.


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