lundi 24 novembre 2014

A la Saint-Martin on mange du cochon


Je l'ai échappée belle, dans le canton voisin du Jura, il y a une tradition qui revient chaque deuxième dimanche après la Toussaint. : la fête de la Saint-Martin qui célèbre la fin des travaux dans les champs et dont les nombreux plats sont essentiellement à base de cochon. 


C'est à cette date que se paient les baux ruraux et que se règlent les dettes. Toutes les récoltes sont rentrées, et les porcs sont gras. Mais la mauvaise saison qui s'annonce va rendre difficile leur nourrissage : c'est donc le temps de tuer ce cochon. Une partie peut être conservée par salaison, séchage et fumage, mais diverses parties de l'animal demandent à être consommées tout de suite faute de moyens de conservation. De là vient le copieux menu de la Saint-Martin.
C'est en Ajoie qu'a lieu la fête de la Saint-Martin.
Plusieurs années alors que je vivais en Chine, des amis restés en Suisse ont organisé le gueuleton, chacun réalisant un plat. Rien qu'à les lire, j'en avais une indigestion. Jetons un coup d’œil au menu :
  • le bouillon aux petits légumes (parfois accompagné d'une tranche de bouilli, mais dans ce cas, après le boudin) ;
  • la gelée de ménage (sorte d'aspic avec de la viande) ;
  • le boudin à la crème, accompagné de compote de pommes, d'une salade de racines rouges et de rösti ;
  • les grillades, atriaux et rôti, accompagnés de rösti ;
  • le rôti, généralement avec une salade verte ;
  • la choucroute garnie de jambon, porc frais, saucisse fumée d'Ajoie et accompagnée de pommes de terre ;
  • l'eau-de-vie de damassine (optionnelle) ;
  • la crème brûlée ;
  • le totché, un gâteau à la crème épaisse, plutôt salé ;
  • les striflates (chtriflates, schtriflattes), sortes de beignets en forme d'escargots qu'on mange avec de la crème à la vanille. 
Cette tradition culinaire permet à chacun de retrouver le goût de la convivialité et de se faire plaisir au cours d'un repas qui dure tout l'après-midi respectivement toute la soirée. Pour ceux qui s'y seraient pris trop tard, il reste l'espoir de trouver une place pour le "Revira", le week-end suivant. Les acteurs du tourisme s'accordent à reconnaître que la manifestation prend toujours plus d'ampleur. 

Il semble que ce menu contient en moyenne 1 kg de cochonnaille. Je lis aussi qu'il la valeur énergétique du menu dépend du nombre de plats, suivant s'il compte 8 ou 12 plats, y compris les accompagnements et le vin il affichera entre 3000 et 4000 calories. Quand même...Il paraît que lorsque l'on se rend dans le Jura, on y danse entre les plats pour faire la digestion.

Le poète jurassien Louis Valentin Cuenin (1819-1868) a écrit une célèbre ode, intitulée "Le cochon":

"De saint Martin célèbre-t-on la fête
Qui ne se pâme à l'odeur du boudin
Toute l'Ajoie alors se met en quête
Pour l'arroser d'un petit broc de vin
(...)
Chez lui le poil, la peau, les os, la graisse,
Les intestins, en un mot, tout est bon.
Avec bonheur tout haut je le confesse:
Oui, mes amis, je chante le cochon".

Je ne goûte pas trop à la poésie, mais  c'est volontiers que j'en reprends une tranche, même avec un verre de damassine. Mais pas de boudin, merci.


Chaque année, des milliers de personnes domiciliées à l'extérieur, en particulier des Jurassiens, prennent d'assaut les restaurants. Les hôtels en Ajoie affichent aussi complet. Au mois de février, toutes les chambres disponibles à Porrentruy sont déjà réservées pour cette période, souligne-t-on à Jura Tourisme.

La fête de la Saint-Martin aura lieu en 2015 du vendredi 13 au dimanche 15 novembre et le Revira le weekend d'après.

Moi, je suis drôlement contente que personne n'ait eu l'idée ou l'envie d'organiser la Saint-Martin. Quelle excuse aurais-je pu trouver ? J'ai perdu l’habitude de manger autant de viande.

http://www.rts.ch/info/regions/jura/6275763-tout-savoir-sur-la-saint-martin-la-fete-jurassienne-du-cochon.html
http://www.saintmartin.ch/

dimanche 23 novembre 2014

Stan, Rodge et le saladier


On les aime ou pas. Stanislas l’orgueilleux, un peu teigneux et Roger le presque-parfait, un peu lisse. Le Romand et l'Alémanique, tout un symbole...
 
http://www.bestofshirt.com/
Ce week-end, ils font vibrer tout le pays. Même ceux qui n'aiment pas le tennis. Rien de tel qu'une bon saladier de Coupe Davis pour offrir au peuple un gueuleton patriotique.

Toute la semaine, je me suis préparée, j'ai fait un stock de nourriture de survie, j'ai pris note des horaires, j'ai pris connaissance des bisbilles entre les clans Federer et Wawrinka, j'ai suivi l'évolution de l'état du dos du premier.
 

Depuis vendredi, je suis plantée devant la télé, je fais tout devant la télé : pile de repassage, manger n'importe quoi, boutons à recoudre, copier des notes... moi qui venais de dire à une copine que je ne regardais plus la boîte depuis mon retour de Chine. Je vibre, je me tiens les pouces, je tremble, j'en serais presque au point de regretter d'avoir arrêter de fumer. Presque. J'engloutis des mandarines.


Je ne comprends pas ce chauvinisme primaire qui s'est emparé de moi. J'avais vu Roger à Shanghai, j'étais très détachée en agitant mollement mon petit drapeau rouge à croix blanche, que le meilleur gagne. Ce week-end, j'en suis convaincue, le meilleur c'est nous, éventuellement Stan et Rodge. Je  suis aussi convaincue qu'il est temps que ce week-end se termine, je perds la boule.

Pendant le match de ce dimanche, puis juste après, j'ai noté quelques commentaires piqués sur RTS2 et France 3 : ne pas admettre la défaite, savoir attendre, jamais renoncer, ne pas douter... que j'entends bien utiliser, moi qui ne suis pas sportive !

Et je note encore : victoire d'équipe, de complices et de partenaires...
Dans la vie aussi !

jeudi 20 novembre 2014

Lucerne

Le Pont de la Chapelle, datant du Moyen-âge,
avec ses panneaux triangulaires peints,
est considéré comme le plus ancien pont de bois couvert d’Europe.
Le canton de Lucerne en
Suisse centrale
Située au cœur de la Suisse centrale, autour du lac des Quatre-Cantons et des monts Pilate et Rigi, Lucerne est l'une des villes les plus visitées au monde ! Chaque année, quelque cinq millions de personnes s'y déplacent. Cela n'a rien de surprenant lorsqu'on découvre la ville. Les petites places, les ruelles pittoresques, les ponts de bois… donnent à la cité des allures de carte postale. (http://www.linternaute.com/voyage/suisse/lucerne/)



Un merveilleux univers de montagnes sert d’écrin à Lucerne, la porte d’accès à la Suisse centrale, située au bord du lac des Quatre-Cantons. Grâce à ses nombreuses curiosités, ses boutiques de souvenirs, ses horlogeries, son agréable situation au bord du lac et la proximité du Rigi, du Mont Pilate et du Stanserhorn, buts d'excursion proches, Lucerne est une destination touristique de choix pour les groupes et les individuels traversant la Suisse. (http://www.myswitzerland.com/fr-ch/lucerne.html)
Dans la vieille ville piétonnière, des demeures historiques,
certaines ornées de fresques, bordent de pittoresques places
La région de Lucerne a été habitée depuis les temps préhistoriques. Après la chute de l'Empire romain, les Alémans s'y installèrent, et quelques monastères apparurent avant l'an mille. La fondation de la ville de Lucerne se situe entre 1180 et 1200. En 1332, Lucerne est la première ville à rejoindre la Confédération des III cantons, bien qu'elle se soit battue aux côtés des Habsbourgs lors de la bataille de Morgarten. (http://fr.wikipedia.org/wiki/Lucerne)


Lucerne est la sixième ville de Suisse et le chef-lieu du canton de Lucerne. La commune de Lucerne compte 77 491 habitants, l'agglomération en comptait 205 424 la même année.
 
A Lucerne, tradition et modernité se côtoient.
Le futuriste Centre de la culture et des congrès (le KKL),
de l'architecte français Jean Nouvel, en est l’un des points d’orgue architectoniques.
Les sites de voyages sont élogieux. Lucerne attire les foules, il n'y a qu'à regarder le nombre de boutiques, de bijouteries ou de chocolateries. Les voyages organisés chinois ou indiens passent tous par là.

Les opticiens ont de l'humour à Lucerne
Tous les sites touristiques sur Lucerne sont diserts , pourtant il n'y en a pas un qui mentionne qu'il faut drôlement bien choisir ses dates de visite, puisqu'on appelle la région "le pot de chambre de la Suisse" !

En bateau sur le lac des des Quatre-Cantons
Si j'évoque ce haut-lieu touristique helvétique, c'est que j'y suis allée l'autre jour. Après Bâle, encore un cadeau d'anniversaire, cette fois pour un festival de blues dont je parlerai à une autre occasion.

http://www.luzern.com/fr/index.cfm

Cet homme s'est inspiré de l'expérience "Tokyo Reverse",
Il a marché à travers Lucerne en arrière et c'est aussi en marche arrière qu'il a édité sa vidéo.
(Graphic Noah)

lundi 17 novembre 2014

Voulez-vous jouer à Finma avec moi ?

(Nardo sur https://www.bakchich.info/international/2009/08/26/
en-deux-jours-la-suisse-se-deculotte-devant-les-etats-unis-et-la-libye-55954)
Depuis mon retour j'ai déjà eu quelques conversations avec le conseiller que ma banque m'a attribué. Il est bien patient le pauvre, car je résiste à apposer ma signature sur tous les documents qu'il m'envoie. En gros, il me dit de ne pas me préoccuper de ce que je signe, l'essentiel étant que que je le fasse pour faire plaisir à la Finma. Que toutes les banques ont les mêmes exigences. A chaque fois qu'il prononce Finma, je souris, je me dis qu'il doit toucher un bonus ou que ses collègues lui ont imposé un gage. Quand je suis moins bien lunée, il m'énerve à vouloir absolument se protéger contre MES malversations, mes dettes, mes comptes cachés... alors que je ne suis de loin pas assez importante et bien trop honnête pour entrer dans ce jeu de cache-cache. Et c'est là en général qu'il me balance tout son stock de Finma.

"Créée 1er janvier 2009, la Finma est un organisme indépendant de droit public qui vise à contrôler les banques, les assurances et tous les intermédiaires financiers suisses. Elle intervient sur les places financières et joue un rôle de contrôle dans la réglementation. Elle est également chargée de gérer les procédures de faillite et de lutter contre le blanchiment d’argent. Enfin, la Finma veille à ce que la réglementation soit respectée par les intermédiaires financiers et en cas d’infraction, se charge de prononcer les sanctions à leur encontre." On voit bien que cela ne me concerne pas du tout, je ne blanchis pas, moi Monsieur.
(http://ouvertures.info/tag/secret-bancaire/)
Même sans moi, la Finma a du boulot, toutes les banques ont des trucs à se reprocher et des amendes maousses à payer. Toutes ont magouillé et peut-être le font encore. Toutes, bien entendu, dénoncent toute irrégularité, engagent des mesures disciplinaires à l'encontre de collaborateurs indélicats... Le 13 novembre, les journaux citaient le patron de l'UBS, Sergio Ermotti : "Nous continuons à coopérer dans les enquêtes en cours."  Et bien sûr, il regrette, c'est fou comme il regrette. Il n'est d'ailleurs pas le seul à regretter tout en bloc, un autre patron de l'UBS, un ex en somme, regrette aussi : "Monsieur le président Levin, mon nom est Mark Branson d’UBS. Je suis ici pour dire très clairement que nous regrettons les erreurs qui ont pu se produire. Nous en prendrons la responsabilité, et nous ne chercherons pas à les minimiser... (L'Hebdo
Sergio Ermotti
Mark Ronson
L'économie n'est pas un sujet qui me passionne. Souvent, je saute les pages économiques. Mais trop c'est trop. Mark Ronson, ex UBS, est devenu cette année... le patron de la Finma !


dimanche 16 novembre 2014

Ma ville, mes racines

Il n'y a pas si longtemps, je m'interrogeais sur ma relation à ma ville, La Chaux-de-Fonds :
... j'en suis à me demander si je vais encore aimer cet endroit, si je vais savoir y retrouver mes marques, savourer la qualité de vie, supporter ce repli sur soi. 
Je viens de trouver quelques éléments de réponse pour pouvoir le claironner haut et fort : c'est oui !


Oh, j'ai toujours beaucoup de doutes quant à la manière dont la ville est gérée, rien n'a changé, c'est pas terrible, on accumule toujours hésitations, dépenses inutiles, oublis (des WC pour les chauffeurs de bus, par exemple)...Je ne lis toujours pas le quotidien local quotidiennement pour m'éviter des coups de chaleur, mais je le lis quand même de temps en temps.


Mais, dans le fond, ma ville ce n'est pas ça du tout. Non, nous sommes différents, nous sommes vrais, nous avons le sens des relations humaines, nous valorisons la poignée de mains...  Je ne balance pas tout ça dans le vide, pour faire bien, pour essayer de décrocher un job à la promotion de la ville ou à l'office du tourisme. C'est du vécu.


Il faut parfois des coups du destin, des coups durs qu'on voudrait éviter pour prendre conscience de notre environnement et croire en l'humanité. J'ai des faits. Jeudi 6 novembre, j'ai pris la décision de me trouver un appartement. Après avoir été propriétaire pendant 16 ans, puis "chinoise" pendant 4 ans, j'avais un peu oublié le parcours du combattant que pouvait représenter une telle démarche. Bon, dans cette ville il y a encore des appartements disponibles à prix raisonnables. Si j'avais opté pour Genève ou Lausanne, la chance de trouver un endroit dans mes moyens aurait été quasi nulle, ici je pouvais nourrir de l'espoir. Mais jamais autant que tout ce que j'ai reçu : une locataire qui s'en va et qui devient mon "agente" auprès des futures propriétaires, un couple de propriétaires qui accepte un "dossier" fantaisiste (pas de fiche salaire, pas de contrat de travail). Le même couple qui décide en 24 heures que nous pourrions être des voisins compatibles et qui refuse un dépôt-garantie de de loyer comme preuve de confiance. Mais qui valorise une poignée de mains pour sceller le tout. Que dire face à tant d'authenticité ? Je suis touchée, je ne savais pas que cela existait encore, je réalise que le monde que je croyais avoir perdu n'est pas qu'un bon souvenir. Non, il appartient encore à nous qui vivons par ici. Elle est pas belle, la vie ?

mercredi 12 novembre 2014

Bien protégé en cas d'urgence

François Maret sur http://www.lesobservateurs.ch
Nous les Helvètes, nous sommes prévoyants. Par exemple, on sait que des substances radioactives pourraient s'échapper d'une centrale nucléaire. On sait aussi que la plus vieille centrale nucléaire du monde se trouve en Suisse : Beznau I a fêté ses 45 ans le 1er septembre 2014. Les exploitants et les politiciens veulent rallonger sa durée de vie, malgré la durée de vie moyenne d'une centrale nucléaire évaluée à 28 ans.


Nous les Helvètes, nous soutenons notre industrie, particulièrement l'industrie chimique. 

Quand on veut être prévoyants et soutenir la pharma, on distribue à la population des comprimés d'iode. Gratuits, c'est cadeau pour le peuple et une sacrée source de revenus pour la société dont je n'ai pas trouvé le nom puisque je n'ai pas encore reçu mes comprimés.

Les exploitants et les politiciens veulent encore rallonger la durée de vie du réacteur déjà vétuste. - See more at: http://non-au-nucleaire.ch/?p=2450#sthash.8Hymvgyk.dpuf
L’abandon de l’énergie nucléaire est soutenu par une large population en Suisse. Parallèlement, la plus vieille centrale nucléaire (CN) du monde en service se trouve en Suisse : au 1er septembre 2014, cela fait 45 ans que le réacteur Beznau 1 est exploitée. Les exploitants et les politiciens veulent encore rallonger la durée de vie du réacteur déjà vétuste. - See more at: http://non-au-nucleaire.ch/?p=2450#sthash.8Hymvgyk.dpuf
L’abandon de l’énergie nucléaire est soutenu par une large population en Suisse. Parallèlement, la plus vieille centrale nucléaire (CN) du monde en service se trouve en Suisse : au 1er septembre 2014, cela fait 45 ans que le réacteur Beznau 1 est exploitée. Les exploitants et les politiciens veulent encore rallonger la durée de vie du réacteur déjà vétuste. - See more at: http://non-au-nucleaire.ch/?p=2450#sthash.8Hymvgyk.dpuf
L’abandon de l’énergie nucléaire est soutenu par une large population en Suisse. Parallèlement, la plus vieille centrale nucléaire (CN) du monde en service se trouve en Suisse : au 1er septembre 2014, cela fait 45 ans que le réacteur Beznau 1 est exploitée. Les exploitants et les politiciens veulent encore rallonger la durée de vie du réacteur déjà vétuste. - See more at: http://non-au-nucleaire.ch/?p=2450#sthash.8Hymvgyk.dpuf
L’abandon de l’énergie nucléaire est soutenu par une large population en Suisse. Parallèlement, la plus vieille centrale nucléaire (CN) du monde en service se trouve en Suisse : au 1er septembre 2014, cela fait 45 ans que le réacteur Beznau 1 est exploitée. Les exploitants et les politiciens veulent encore rallonger la durée de vie du réacteur déjà vétuste. - See more at: http://non-au-nucleaire.ch/?p=2450#sthash.8Hymvgyk.dpuf
Cette fiche distribuée à tous les ménages des alentours des centrales nucléaires (rayon de 20 à 50 kilomètres) m'inspire quelques réflexions :
  • Tiens, il existe un Service d'approvisionnement en iodure de potassium !
  • La vieille Beznau 1 n'inquiétera plus personne puisque nous aurons nos comprimés.
  • A Shanghai, quand Fukushima nous a envoyé des nuages nocifs en 2011, il a aussi été question d'iode. Pas de comprimés, mais une pénurie de sel dans tous les magasins de la ville...
  • Ici aussi, entre copains, on s'arrange bien.
En cas de panique : http://www.kaliumiodid.ch/fr#

Beznau : c'est beau une centrale la nuit...

mardi 11 novembre 2014

Qui veut la peau d'Esther Montandon ?

D'abord j'avais pensé à un titre plus accrocheur, parce que j'avais en tête "Qui a tué Virginia Woolf?" Or, après vérification, ça aurait été "Qui a peur de...?" et ça ne m'allait pas. Pas plus que ceux et celles qu'on a tués : Pamela Rose, Harry, Ben Laden ou Kennedy. Non, je m'éloignais beaucoup trop de mon sujet : Esther Montandon ! 

On est parfois entraîné dans des histoires loufoques bien malgré nous. C'est ce qui m'est arrivé quand je suis entrée dans la vie d'Esther ou elle dans la mienne. Mieux, je lui ai prêté ma voix. C'est pas rien ça, surtout quand il a fallu toutes ces années pour que je m'accoutume au son de la mienne, à mon accent traînant et à mon style familier et spontané. Et voilà qu'en août dernier, on me demande ma voix parce qu'elle pourrait coller au personnage. C'était tout faux, mais je la lui ai prêtée quand même puisqu'il s'agissait d'un jeu. Esther était tout ce que je ne suis pas. Un vrai rôle de composition...

Esther Montandon, c'est cette auteure suisse née le 8 mai 1923 à La Chaux-de-Fonds et morte le 30 novembre 1998 à Yens. C'est elle, née Esther Jeanneret de l'union de Basile et Clara Jeanneret, épouse de Jacques Montandon dès 1946. Et surtout, elle qui a écrit Le Piano dans le noir et Les Imperdables et qui a reçu la Bourse C.-F. Ramuz 1972 pour Trois grands singes. On y est ?

Y est-on vraiment ? En août 2013 paraît aux Éditions d'autre part un inédit posthume d'Esther Montandon : Vivre près des Tilleuls. Et quelques semaines plus tard, le 10 octobre, coup de théâtre :

Un canular littéraire en Suisse romande : l’inédit posthume d’Esther Montandon est l’œuvre de l’AJAR
En référence aux informations publiées par La Semaine dans son édition du 10 octobre 2013, l’Association Esther Montandon, en charge de la postérité de l’auteure chaux-de-fonnière, et l’AJAR (Association des jeunes auteurs romands), collectif d’écriture fondé en janvier 2012, confirment avoir monté un canular littéraire avec la publication de Vivre près des tilleuls, texte présenté comme un inédit posthume de l’écrivaine.
Vivre près des tilleuls avait prétendument été écrit au début des années 1960, période marquée par le décès de Louise, la fille d’Esther et Jacques Montandon, à l’âge de 4 ans, le 3 avril 1960. Dans un geste désespéré, l’auteure avait alors brûlé tous ses textes en cours. En août 2013, la publication, aux Editions d’autre part, d’un inédit relatant ces événements a fait sensation dans le milieu littéraire romand, aucun autre texte de l’époque n’ayant survécu.
Ce canular n'a pas suffi aux chenapans de l'AJAR. Il a fallu qu'ils l'exportent au Québec. C'est pour ce voyage que ma voix est entrée en scène. Jusqu'à ce moment-là, Esther avait un visage, mais pas de voix. J'ai dit oui, puis j'ai pris peur, je ne suis pas actrice. Mais j'ai l'accent... J'ai joué le jeu, je me suis prise au jeu. Pendant les quelque 2 heures de l'entretien, j'ai été Esther.


Au Québec, coup de théâtre ! 
Un canular dans le canular
Comment présenter une édition Doubles et pseudos sans céder à la tentation d’incorporer un canular à notre programmation? Nous n’avons évidemment pas pu résister et nous avons laissé le champ libre à l’AJAR – Association des jeunes auteurs romands, qui a réussi à berner les festivalières et les festivaliers de Québec en toutes lettres avec son exposition Autopsie d'un canular. Hier soir, le spectacle Esther Montandon : pièces détachées révélait le pot aux roses.Vous pensiez que ces jeunes littéraires avaient trompé le milieu littéraire romand en faisant publier un faux inédit posthume sous la plume de l’écrivaine Esther Montandon ? Détrompez-vous… Esther Montandon n’a jamais existé! Hé oui, sa vie, ses œuvres, ses photographies, les objets lui ayant appartenu : tous faux. (http://www.quebecentouteslettres.com/)


J'ai reçu un compte-rendu de la performance de l'AJAR : "Nous avons passé deux semaines superbes au Québec. Notre canular a eu un succès fou, les gens sont tombés en amour avec Esther Montandon et ont été très surpris (et parfois ravis, parfois vexés, parfois fâchés) du dénouement. Nous avons été bien entourés par l'équipe du festival qui nous a permis de monter une expo très pro dans la galerie P, un endroit culturel sympa proche du vieux Québec. Après une semaine d'expo libre, nous avons donné une lecture "hommage" qui a progressivement dégénérée en lecture-vandalisme puisque nous avons commencé à changer la biographie d'Esther à grands coups de stylos indélébiles et à détruire ses livres et ses objets devant le public. Nous étions très contents du résultat de cette lecture."

vendredi 7 novembre 2014

Ecopop

La photo de Jose Palazon montre deux joueurs de golf concentrés sur leur swing
alors qu'une dizaine de migrants sont suspendus au sommet d'une grille
à la frontière entre le Maroc et l'Espagne dans l'enclave de Melilla.
[Jose Palazon - Reuters]
Le 30 novembre prochain nous serons appelés à nous prononcer sur l’initiative populaire fédérale " Halte à la surpopulation - Oui à la préservation durable des ressources naturelles " communément appelée " initiative Écopop ". Encore une initiative, j'ai déjà parlé de ces nombreuses occasions de donner notre avis, c'est ici.

Le surnom Écopop prête à confusion, en tous cas dans ma petite tête. J'ai d'abord cru qu'il s'agissait d'une initiative soutenue par des partis de gauche, les écologistes et le POP (parti ouvrier populaire). Plus les médias se sont mis à en parler, plus j'ai vu que que faisais fausse route. Ou alors la gauche de la gauche avait bien changé.

La population mondiale soit le nombre d’êtres humains vivant sur Terre
a atteint 7 milliards d'individus fin 2011. (KEYSTONE/Laurent Gillieron)
A première vue, la question est pertinente : on ne peut pas continuer bourrer notre territoire, les générations futures doivent pouvoir vivre dans de bonnes conditions. Avec cette initiative, il est non seulement question de préservation durable des ressources naturelles en limitant la population de la Suisse, mais aussi ailleurs, dans le cadre de la coopération internationale au développement. En résumé, c'est encore une initiative qui s'en prend aux étrangers puisque nous autres, les Helvètes, sommes comme tous les ressortissants des pays développés, nous ne savons plus faire des gosses. Et donc, nous aimerions aussi que l'on explique aux gens d'ailleurs de contrôler leurs pulsions, de ne pas faire tellement d'enfants et ensuite de nous les envoyer piquer notre travail (" la Confédération consacre au moins 10% des moyens qu’elle consacre à la coopération internationale au développement pour financer des mesures visant à encourager la planification familiale ").

La population résidante permanente s'est accrue l'an passé de plus 100 000 personnes,
soit de 1.25%. Ce chiffre équivaut à la population d'une ville de la taille de Winterthour!
Pour le premier volet de l'initiative, une autre question me vient à l'esprit : à quand une politique de l'enfant unique pour que nous devenions nous aussi un Empire du Milieu de l'Europe ? Le second volet fait preuve d'arrogance : qui sommes-nous pour imposer la contraception à d'autres cultures et religions ?

Le Lavaux au bord du la Léman
Heureusement, aucun parti ne soutient officiellement le projet, mais il a fallu tout de même 100 000 citoyens et citoyennes pour apposer leur griffe, qui vont voter et peut-être en convaincre d'autres.

L'initiative populaire «Halte à la surpopulation» a été déposée avec 120'700 signatures.
On devine bien ce que je vais glisser dans mon enveloppe. Réponse le 30 novembre !

Texte de l'initiative ici .

Evolution de la population en Suisse en 2013 – La Suisse poursuit sa croissance démographique

mercredi 5 novembre 2014

Formation : la force du système dual


Dans beaucoup de pays l'université est perçue comme la seule voie d'accès au marché du travail. On pense que l'apprentissage se limite aux professions manuelles, comme électricien ou charpentier, alors que les jeunes peuvent aussi se former de cette façon au métier d'informaticien ou d'ingénieur.

Dans certains pays, comme au Royaume-Uni, il n'en a pas toujours été ainsi. Il y avait une tradition de formation duale jusque dans les années 1980, mais le gouvernement de Margaret Thatcher l'a largement démantelé, estimant qu'un Etat libéral n'avait pas à prendre en charge la formation des jeunes. Cette évolution a été encore accentuée par la stratégie du New Labour, arrivé au pouvoir en 1997, d'amener 50% des adolescents britanniques à l'université. Par comparaison, en Suisse, près de 14% de la population de référence a obtenu un diplôme d’une HEU (haute école universitaire). Les taux de diplôme HEU varient considérablement d’un canton à l’autre. Le canton de Genève a le taux de diplôme le plus élevé avec 18,7%. En revanche, le canton d'Obwald affiche le taux le plus bas, avec 6,4% de diplômés HEU.
(http://www.bfs.admin.ch/bfs/portal/fr/index/themen/15/06/dos/blank/05/04.html)
En Suisse, on peut être à la tête de grandes entreprises connues dans le monde entier en ayant acquis une formation professionnelle. Cette formation professionnelle qui permet à la Suisse de disposer d’une main-d’œuvre hautement qualifiée et innovante porte le nom pas très sexy de duale.

Deux jeunes sur trois la choisissent. Un succès qui, selon le Secrétariat d’État à la formation, à la recherche et à l’innovation (SEFRI), est dû aux nombreux débouchés professionnels que le système de formation duale suisse offre et à la formation complète (théorique et pratique) qu’elle assure. En effet, les élèves n’acquièrent pas uniquement des capacités et des connaissances théoriques mais apprennent immédiatement à assumer des responsabilités : dans l’entreprise ils assimilent les bases pratiques, participent au processus de production de l’entreprise, découvrent la vie quotidienne d’une entreprise et reçoivent un salaire. Ils apprennent ainsi rapidement les ficelles du monde du travail.

C'est un point de départ; à chacun la possibilité de modeler son chemin. Après celle-ci, il est possible de suivre une formation professionnelle supérieure permettant l’acquisition de compétences professionnelles spécifiques et préparant à des postes de direction. La grande perméabilité du système formatif suisse permet d’approfondir ses connaissances de base, d’apprendre de nouvelles connaissances techniques, de changer d’orientation professionnelle, d’accéder à l’université ou à une école supérieure spécialisée grâce à des formations "passerelles".  Personne ne dit que c'est facile, mais c'est possible.

Le modèle d'apprentissage suisse devient exportable. Un projet-pilote, lancé en 2008, a permis d'introduire le système de formation duale en Inde, d'abord auprès de quelques entreprises de l'industrie des machines. Le but était de faire tache d'huile. Le gouvernement indien s'est engagé à former 526 millions d'apprentis d'ici à 2020.

Confrontés à un fort chômage des jeunes, d'autres pays sont intéressés par le modèle.  Ces dernières années, des délégations en provenance de Chine, d'Indonésie, d'Inde ou d'Afrique sont venues en Suisse . Genève a également mis sur pied un projet de promotion du modèle dual au Cameroun. En Afrique du Sud, la Suisse a développé des formations duales de deux ou quatre ans dans les professions techniques (électricien, soudeur, tourneur). En ce qui concerne la Chine, je demande à voir. En effet, pour ceux qui peuvent offrir un vrai métier à leur chère tête noire, il n'y a que l'université qui compte, on est prêt à tous les sacrifices pour un diplôme académique. Peut-être que le gouvernement de Beijing pourra utiliser sa force de persuasion légendaire...

Ce n'est donc pas les pays étrangers qu'il faut convaincre, mais plutôt les multinationales installées en Suisse. " Une enquête menée par la Neue Luzerner Zeitung en Suisse alémanique révèle que les multinationales ne forment pas assez d'apprentis, citant par exemple Glencore qui compte 760 employés et pas un seul apprenti. Dans les faits, la plupart des multinationales ne connaissent pas bien le système de formation duale suisse et donc ne forment pas suffisamment d'apprentis. Le constat est toutefois plus nuancé en Suisse romande. Comment inciter les multinationales à favoriser les apprentissages?" (http://www.rts.ch/la-1ere/programmes/forum/6252832-forum-du-03-11-2014.html) Et encore, il faut savoir s'il s'agit de multinationales suisses ou de groupes étrangers, les premières étant habituées au système. Pour les autres, c'est plus compliqué : il faut comprendre le système, puis mettre en place un moyen de coacher les apprentis selon un protocole strict. En plus, les apprentis doivent savoir l'anglais pour un apprentissage bilingue. Du coup, comme c'est compliqué, on pourrait préférer des stagiaires qui auraient reçu leur formation de base par d'autres.

D'habitude, je n'ai rien contre la mondialisation, mais là elle m'irrite. C'est vrai, ça, on ne peut pas que récolter, il faut aussi semer...