vendredi 1 mai 2015

De la distance et du blues



On dit "en mai, fais ce qu'il te plaît". Ma mère utilisait cet adage chaque année pour me rappeler qu'en avril je devais encore porter des collants, mais que dès le jour du travail, j'osais enfiler des chaussettes. 


Je ne mets plus de chaussettes, ou alors rarement. N'empêche que dès le 1er mai, je ferai ce que je veux, je serai à l'ouest, AWOL, comme on dit là-bas puisque c'est le sigle de l'expression absent without official leave, synonyme désertion. Je déserte la Suisse, je déserte mon blog, je prends le large.


Oh, rien de dramatique, juste une envie d'air, d'espaces, de grands espaces pendant 2 mois. J'aurais de la peine à ne pas noter mes impressions, je vais donc le faire. Mais pas sur ce blog helvétique. Il faudra se rendre sur Mon Oeil version blues pour savoir ce qui se passe là-bas, le long du Mississippi.

A bientôt, en juillet !



samedi 25 avril 2015

Do not track : Soyons des internautes conscients



Il n'y a pas si longtemps, un cookie était pour moi un biscuit version US. Depuis quelques années tout de même, je sais que tous les cookies ne se mangent pas. Récemment, j'ai constaté le même message sur la plupart des sites auxquels je rends visite. 

 

" En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de cookies conformément à notre politique de données personnelles. En savoir plus ? " J'ai cliqué OK, sans vraiment comprendre avec quoi j'étais d'accord, d'autant plus que je n'avais pas d'autres options. Parfois, je n'ai rien fait et rien n'a explosé non plus.

Et puis est arrivé Do Not Track, le 14 avril précisément.


C'est une série documentaire interactive qui tombe bien pour éclairer ma lanterne. Un peu effrayant tout de même puisque moi, l'internaute, suis au centre de l'information. Immédiatement, on sait qui je suis et où je me trouve... grâce aux infos que je laisse traîner... à cause d'elles. Dans le cas de ce webdoc, c'est intéressant, mais dans la vraie vie, c'est flippant. Do Not Track explore les différentes manières dont le Web moderne enregistre et traque nos activités, nos publications et nos identités. Pour nous aider à comprendre comment nos informations sont utilisées et collectées… nous offrons nos données. C’est en nous prêtant au jeu que nous pouvons comprendre l’implication du tracking.


"Devinez quoi ? Do Not Track vous TRAQUE. Et nous utilisons des cookies pour le faire." Nous voici avertis.

Les initiateurs du projet tentent de nous éclairer sur la valeur cachée derrière chacun de nos clics ? Que se passe-t-il sans que nous nous en rendions compte et sans notre consentement ? L’idée n’est pas de nous dégoûter du Web, la démarche est d’abord pédagogique, explicative, réalisée par des amoureux du Net, afin que nous soyons des internautes conscients. 

Pour devenir des citoyens avertis, rendez-vous toutes affaires cessantes sur la plateforme « Do Not Track », non sans avoir autorisé les cookies à vous suivre, tout de même... c'est ce que nous sommes encouragés à faire. Les deux premiers épisodes sont disponibles depuis le 14 avril www.rts.ch/donottrack ou https://donottrack-doc.com/fr, les suivants seront diffusés une semaine sur deux, prochain rendez-vous le 28 avril...


Episode 1 : Routines matinales À qui  profitent nos données personnelles ? Découvrir le tracking, une industrie opaque qui génère des milliards avec ce qu'elle sait de nous.

Episode 2 : Breaking Ad Accepter les cookies fait maintenant partie de notre vie numérique. Si nous avions dit non, est-ce qu’Internet fonctionnerait encore ? Retour sur les origines économiques du tracking en ligne.


Episode 3 : Paye ton Like Quelques like sur Facebook n’en disent pas beaucoup sur nous, n’est-ce pas ? Faux. Bienvenue dans l’incroyable univers du profilage en ligne.

Episode 4 : Mobile
Episode 5 : Big Data
Episode 6 : Bulle de filtres
Episode 7 Futur du tracking

... je me réjouis.


" Soyez curieux et reprenez le contrôle. Soyons des internautes conscients !" OK, d'accord !

lundi 20 avril 2015

Le géant orange






Il y a bien une entreprise de téléphonie qui se nomme Orange. Il y a aussi Coop, société coopérative de la grande distribution, la deuxième en Suisse avec 35% du marché. Les deux sont d'un orange éclatant.

Mais en Suisse, quand il est question de GÉANT ORANGE, ce n'est pas d'eux dont on parle. Non, c'est de Migros, société coopérative de la grande distribution, la première en Suisse. Ça doit quand même énerver Coop puisque Migros ne fait que 2% de plus !


Tout a commencé en 1925, encore sous le choc de la guerre, conjoncture instable, les gens craignent pour leur travail et leur salaire, même si la Suisse est mieux lotie que le reste de l’Europe. Les consommateurs comptent et recomptent leurs sous avant la moindre dépense. Il y a là un certain Gottlieb Duttweiler, 37 ans, tout juste rentré du Brésil et sans emploi. Un millionnaire qui a tout perdu ou presque et qui a achète une plantation de café au Brésil : un nouvel échec. Mais il a une autre idée : Mi-Gros, un compromis entre prix de gros et prix de détail. En baissant les prix, les gens afflueront. Pour être moins cher, il faut travailler de manière aussi rationnelle que possible – assortiment restreint, produits préemballés, transbordement rapide, d’où une marchandise fraîche – et, surtout, réduire au maximum les frais fixes. Et aller au-devant de la clientèle, rendre les magasins mobiles. 
Le 25 août 1925 à 6 heures du matin, cinq camions-magasins se mettent en branle à Zurich. Il y a du riz, du sucre, des pâtes, de la graisse de coco, du café et du savon. Le tout à des prix ronds et des poids adaptés, ça va plus vite à la caisse. En moyenne, la marchandise est 30% moins chère que dans les épiceries de quartier ou de village.
Gottlieb et Adele Duttweiler en 1955 dans un magasin Migros.
Les hostilités sont lancées par des concurrents peu performants mais bien introduits dans les milieux politiques. Des communes barrent leurs emplacements aux camions Migros. Les grands groupes en viennent à boycotter les livraisons.

Sur le plan politique, une grande coalition se forme entre les conservateurs, les représentants des paysans, les petits commerçants et l’industrie des biens de consommation proche des radicaux et organisée en cartels acharnés.

Gottlieb Duttweiler doit batailler, en particulier pour approvisionner sa chaîne de distribution en plein essor et bientôt dotée de magasins stationnaires. Le boycott de l’industrie des articles de marque le contraint d’acquérir ses premières entreprises industrielles. Dès 1948, il est le premier à lancer des magasins en libre-service.


L'empire Migros est sur les rails. En 1941, la structure de la société a changé pour devenir la Fédération des coopératives Migros, subdivisée en coopératives régionales, un peu à l'image de l'organisation politique suisse. Progressivement, les activités du groupe se diversifient : la compagnie de voyage Hotelplan (1935), le magazine Construire (1942, actuellement connu sous le nom de Migros Magazine), les centres de formation École-club Migros (1944), les restaurants (1952), les stations-service Migrol (1954), les écoles de langue Eurocentres (1956), la Banque Migros (1957) et la compagnie d'assurances (1959). Suivront plus tard le premier parc de loisirs, puis le premier centre commercial à l'étranger (à Thoiry dans l'Ain).

En 1957, le Pour-cent culturel Migros est inscrit dans les statuts, obligeant la société à consacrer chaque année 0,5 % du volume des ventes au détail et 1 % du volume des ventes en gros à des projets culturels et sociaux, ce qui représente 127 millions de francs suisses en 2007. Dès 1967, Migros data (date de péremption) est passé dans le langage courant.


Dès 1996, la compagnie lance une gamme de produits premier prix appelée M-Budget, puis, l'année suivante, un programme de fidélisation M-Cumulus.Et puis, le 30 novembre 2007 a eu lieu la dernière tournée du camion-magasin de la Migros, dans le canton du Valais, la fin d'une ère.


De nos jours, la société est toujours une coopérative dont sont membres près de 2 millions de Suisses, faisant ainsi de Migros une chaîne de supermarchés possédée de fait par ses consommateurs.

Si j'en parle aujourd'hui c'est que Migros est l'entreprise suisse qui bénéficie de la meilleure réputation auprès du public, selon l'étude GfK Business Reflector 2015. Le chocolatier Lindt & Sprüngli, suivi du groupe horloger Swatch Group.

Outre la réputation, l'étude intègre cette année également l'expérience de marque. Celle-ci mesure l'image et la perception générale que les consommateurs ont de chaque entreprise, sur la base de leurs expériences récentes avec la marque. Ici aussi, Migros et Lindt & Sprüngli trustent les deux premières positions. Coop complète le podium au troisième rang.

C'est certainement cet aspect qui m'étonne le plus. Que Migros soit devenu une marque, alors que c'était une non-marque ! Je me souviens que je n'osais pas trop offrir du chocolat de Migros parce que ça faisait bon marché, cadeau au rabais, même le produit était plutôt correct. Il y a 10 ans, j'étais invitée en Allemagne et j'ai apporté du chocolat de Migros, quel accueil ! J'ai réalisé qu'à Freiburg Migros était consiéré sinon comme luxe, en tous cas comme haute qualité. En Chine, ce chocolat était, avec Lindt & Sprüngli, la seule marque suisse sur les rayons des gourmandises, à côté des nombreux chocolats belges.

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dimanche 19 avril 2015

Où il est question de bonheur

Un pays de parents responsables...
Le bonheur est un sujet qui m'avait interpelée lorsque je vivais en Chine. Quand le décor change, quand on prend le temps de regarder autour de soi, il y a des questions qu'on peut commencer à se poser et prendre le reste de sa vie à y réfléchir (ici).

Un pays où les chats reçoivent du courrier
" Le bonheur est un état durable de plénitude, de satisfaction ou de sérénité, état agréable et équilibré de l'esprit et du corps, d'où la souffrance, le stress, l'inquiétude et le trouble sont absents. Le bonheur n'est pas seulement un état passager de plaisir, de joie, il représente un état plus durable, un équilibre." (Wikipedia)

"Le bonheur s'est installé à Lucerne",
titrait l'article.
En Suisse aussi, on trouve des classements sur le bonheur. Une assurance s'y est penchée. L'indice du bonheur Zurich (le nom de l'assurance) calcule en "temps réel" le niveau de bonheur des habitants en Suisse. Cela s’effectue indirectement en mesurant les facteurs de bonheur et de malheur, en particulier les conditions matérielles, les réseaux sociaux et le poids des inquiétudes. Les résultats de ce nouvel indice du bonheur Zurich ont été calculés à partir de plus de deux milliards de recherches dans Google en Suisse sur une période de douze mois. Près de 3’000 critères de recherche différents en allemand, en français, en italien, en espagnol et en anglais ont été pris en compte. En plus des recherches sur Internet, d'autres statistiques officielles fédérales et cantonales qui ont un lien direct ou indirect avec le bonheur ont aussi été prises en compte : espérance de vie, criminalité et chômage. Les statistiques mentionnées et les recherches Internet pèsent respectivement 50 pour cent dans le classement final. Cette analyse est statistiquement assez représentative. Elle est soutenue par un chargé de cours de l'Université de Saint-Gall.
Le taux de chômage des  cantons de
Suisse occidentale, Genève, Neuchâtel,
Vaud. Valais, Jura et Fribourg est en tête
de liste. 
Voici les éléments de bonheur et de malheur qui composent l'indice du bonheur suisse :
  • consommation / voyages / investissements;
  • marques de luxe;
  • sorties / aspects sociaux;
  • bien-être / activités en extérieur;
  • formation et perfectionnement professionnel;
  • conjoncture / finances / cas de sinistre;
  • inquiétudes concernant le marché du travail;
  • aide sociale / pauvreté / divorce;
  • maladies;
  • criminalité / conflits;
  • catastrophes naturelles / air /  climat;
  • espérance de vie;
  • graves infractions;
  • taux de chômage.
Schaffhousois et Neuchâtelois
se classent parmi les premiers.
On aime retrouver des amis, sortir,
aller au cinéma et au théâtre.
Je ne suis pas sûre que ce sont ceux que j'aurais choisi. Depuis 2011, je n'ai pas tellement avancé dans l'élaboration de mes propres critères, ni de leur ordre. Sinon qu'en haut de la liste, vraiment tout en haut, c'est santé et moyens de la conserver, à vie.

Cet indice du bonheur mesure autant les facteurs matériels qu'immatériels. Au niveau du bonheur, les Argoviens et les Saint-Gallois, séparés géographiquement par le canton de Zurich, sont pratiquement sur un pied d'égalité. Il est frappant de constater qu'ils sont tous les deux de véritables réfractaires aux sorties et qu'ils témoignent peu d'intérêt pour les activités en extérieur, les voyages, les marques de luxe et le perfectionnement professionnel.

Zoug et Schwyz, les cantons fortunés de Suisse intérieure sont les plus inquiets lorsqu'apparaissent des nuages dans le ciel de la conjoncture susceptibles de faire baisser les cours de la bourse. Les Bernois, beaucoup moins riches, s’intéressent beaucoup moins à un tel phénomène.
Bâle-Ville finit cette année en dernière position; Genève est avant-dernière juste derrière Neuchâtel. Ces cantons ont tous un chômage relativement élevé, mais ce n'est pas leur seul point commun: ils ont aussi des taux élevés d’infractions contre la vie et l'intégrité corporelle. A Bâle-Ville, la probabilité d'être victime d'un crime grave est quatre fois supérieure à celle de l'être dans le demi-canton voisin de Bâle-Campagne.

Au Tessin et aux Grisons, les forces de la nature inquiètent. Cela s'explique par la peur des habitants de ces régions lors de plusieurs tremblements de terre (dont la magnitude est parfois montée jusqu'à 4) en 2014. Le Tessin a subi des glissements de terrain et n'avait jamais eu autant d'eau précédemment. Les cantons des Grisons et du Valais étaient quant à eux davantage préoccupés par le risque d'avalanche.
Comme c'est une année d'élections fédérales, parions que ces chiffres ne vont pas sombrer immédiatement dans l'oubli. Résultats détaillés ici

Un pays où les passages secrets sont clairement indiqués.
Alors, les Suissesses et les Suisses, tous pareils ? Jamais...

lundi 13 avril 2015

Pomme : conte horloger

Il était une fois William Leong, héritier en troisième génération du mini-groupe horloger singapourien Leong Poh Kee. Il y a trente ans, ce fils de famille  a déposé en Suisse, pour la classe 14 (horlogerie), le nom Apple et un logo à la pomme. Certains disent qu’Apple était peut-être le nom d’une jeune fille de ses pensées, d'autres celui de sa fille, c’est en tout cas un prénom courant à Singapour.
 
Les droits de William Leong pour une montre classe 14 lancée sur le territoire suisse avec un logo en forme de pomme ont été scrupuleusement renouvelés et entretenus depuis le dépôt de la marque, en 1985. Business Montres – qui a révélé toute l’affaire – en a publié l’historique, ainsi que le document officiel de l’Institut fédéral de la propriété intellectuelle. Personne d’autre que William Leong ne peut donc utiliser le mot Apple ou une pomme pour désigner une montre en Suisse.
Le mot Apple associé à la pomme appartiennent
dans le domaine suisse à William Leong,
actuel propriétaire de la marque Leonard.
L'échéance de la protection est fixée au 5 décembre 2015.
Il était une fois, en 1985, une toute petite entreprise informatique à Cupertino, une municipalité américaine de Californie dans le comté de Santa Clara au sein de la Silicon Valley. Le co-créateur, Steve Jobs vient de se faire virer de Apple Computer, Inc. à la suite d'un conflit avec l'homme qu'il avait recruté au poste de directeur général (pour revenir prendre la direction de la marque à la pomme en 1997 et se trouver dès lors à l'origine de la réussite planétaire des différents produits lancés depuis). En 1985, il n’avait pas encore lancé son Macintosh. Le nom de domaine apple.com n’était pas encore déposé.

Depuis, Apple Inc. est devenue une entreprise multinationale qui conçoit et commercialise des produits électroniques grand public, des ordinateurs personnels et des logiciels informatiques, les ordinateurs Macintosh, l'iPod, l'iPhone et l'iPad, le lecteur multimédia iTunes, la suite bureautique iWork, la suite multimédia iLife, ... et la montre iWatch... ah non, Apple Watch !
En avril, en Suisse, les medias ne parlent que de Baselworld, le salon mondial de l'horlogerie et de la bijouterie qui se déroule à Bâle (2 200 exposants de 45 pays différents pour plus de 100 000 visiteurs, l’événement annuel majeur de l'industrie horlogère). Cette année, avant la manifestation, on s'attendait, sinon à l’arrivée triomphale de la montre à la pomme parmi les horlogers, au moins à une apparition discrète ; on reprochait aux Suisses d'avoir raté le train ; on voyait déjà les montres traditionnelles enterrées, une image du passé. Or, l’Apple Watch a été d’une grande discrétion. Était-ce pour la simple raison que la Suisse est l’épicentre de l’industrie horlogère mondiale avec près de 60 000 personnes employées par l’industrie horlogère suisse générant plus de 20 milliards de dollars annuellement à l’économie du pays ?
On chuchotait qu’Apple pourrait rencontrer des problèmes pour un éventuel lancement de son Apple Watch en Suisse en raison que la marque avait déjà été déposée en 1985 par William Leong. La Suisse est à l’avant-garde internationale pour les questions de propriété intellectuelle.  Apple ne peut donc pas exploiter en Suisse la moindre montre qui porterait le nom d’Apple ou un logo à la pomme. Du moins jusqu’en décembre 2015. La sortie de l'Apple Watch est prévue le 24 avril en Europe, mais pas en Suisse. Si vraiment on ne pouvait vivre sans être connectés par le poignet, il faudrait alors passer la frontière.

William Leong ne songeait pas à parasiter Apple. D'ailleurs, ce nom n’a pas été utilisé à des fins commerciales ni pour autre chose par Leong Poh Kee. Apple pourrait tout à fait contester cette propriété intellectuelle de fait de n’avoir jamais été utilisée, mais il est plus probable que la société américaine opte plutôt pour un rachat de la marque en Suisse et bénéficie des pleins droits à la suite de ça. Et si il était question d’un procès, il est fort probable qu’Apple l’emporte sans problème.

William Leong est-il un visionnaire ? Même pas, mais pour l’entrepreneur de Singapour cela pourrait constituer une excellente opération. Est-il en position de négocier avec le géant américain un contrat juteux ? Une réponse à plusieurs millions de francs sans doute.

 A moins qu'ils ne se marient et aient beaucoup d'enfants...

Qu'est-ce que je pourrais déposer comme nom ? Oeil ? Helvétie ?

Pour écouter ce conte, c'est ici.


samedi 11 avril 2015

Gauguin chez Beyeler

Ernst Beyeler entreprend dès 1940 des études d'économie et d'histoire de l'art à l'université de Bâle. Dans le même temps, il travaille dans la librairie d'un antiquaire Juif allemand réfugié en Suisse. Au décès de celui-ci, en 1945, il rachète la librairie et la transforme en galerie. En 1947, il organise une première exposition de gravures japonaises sur bois. A partir de 1951, les expositions se succéderont sans interruption. Entre 1959 et 1965, il fait l'acquisition d'une partie de la collection Thompson (Pittsburgh), soit 340 œuvres de Cézanne, Monnet, Picasso, Matisse, Léger, Miró, Mondrian, Braque, Giacometti. En 1966, Beyeler rend visite à Picasso dans son atelier de Mougins ; sa notoriété et ses relations d'amitié dans le milieu des artistes sont telles que Picasso lui laisse choisir 26 tableaux. Il les montre aussitôt en deux expositions.
Ernst (1921-2010) et Hildy (1922-2008) Beyeler, Photo: Niggi Bräuning
En 1971, Beyeler est cofondateur de la foire internationale Art Basel, dont il s'occupera jusqu'en 1992. En 1972, il rachète à Nina Kandinsky une centaine de toiles, d'aquarelles et de dessins. Un tel fonds assurera sa fortune grâce aux plus-values dues à l'euphorie du marché de l'art. En 1982, il cède sa collection d'œuvres d'art à la fondation Beyeler. 

Le musée de la fondation Beyeler
C'est en 1991 que l'architecte italien Renzo Piano élabore le projet de construction du musée (55 millions de francs suisses) destiné à recevoir la collection à Riehen, dans la banlieue bâloise. Inauguration en 1997, puis agrandissement en 2000.


La fondation Beyeler a été impliquée dans le débat sur les œuvres volées pendant la guerre par les nazis. En 2002, elle a trouvé un arrangement extrajudiciaire avec les héritiers de l'ancien propriétaire d'une peinture de Kandinsky.

Tout ça, c'est pour Beyeler et sa fondation, tiré de Wikipedia.


Gauguin, c'est Paul (1848-1903), le peintre. Comment se fait-il que la Fondation Beyeler puisse organiser une grande exposition sur cet artiste ? Beyeler a des armes : tout le monde a besoin des tableaux de la collection Beyeler, qui peut en laisser en otages pendant l'exposition Gauguin. Orsay abrite ainsi en ce moment un superbe Picasso des années 30, sans rapport avec la période couverte par le musée. 

Autoportrait à la palette, 1893/94
 Il n'y pas eu moins de 13 pays prêteurs pour la grande exposition Paul Gauguin 2015.  " La plus remarquable consacrée aux chefs-d’œuvre de cet artiste fascinant à être montée en Suisse depuis plus de soixante ans," avait-on annoncé. Six ans de préparation. " C'est le projet qui a exigé le plus d'investissements de toute l'histoire de la Fondation Beyeler." Il faut dire qu'il n’existe de par le monde aucun musée d’art exclusivement consacré à l’œuvre de Gauguin.  La Fondation Beyeler a notamment obtenu pour cette exposition un groupe d’œuvres de Gauguin conservées dans les légendaires collections russes du musée de l’Ermitage de Saint-Pétersbourg et du musée Pouchkine de Moscou parmi la cinquantaine d’œuvres de Paul Gauguin qui sont présentés. Avec leurs couleurs éclatantes et leurs formes élémentaires, ils ont révolutionné l’art et continuent d’enthousiasmer les spectateurs d’aujourd’hui.

Hina Te Fatu (La Lune et la Terre) , 1893, est une description
d'un ancien mythe polynésien. Selon le mythe,
Hina, l'esprit féminin de la Lune, implore Fatou,
l'esprit masculin de la Terre, d'accorder aux humains
la vie éternelle. Une demande fermement rejetée par Fatou.
The Museum of Modern Art, New York
Vahine no te tiare (La femme à la fleur), 1891

Ny Carlsberg Glypothek

Museum of Decorative Art, Copenhagen
Des autoportraits de l'artiste, des tableaux datant de son séjour en Bretagne, des toiles que Gauguin a créées à Tahiti. L’artiste y célèbre son idéal d’un monde exotique intact, liant nature et culture, mysticisme et érotisme, rêve et réalité dans une parfaite harmonie.

Bonjour Monsieur Gauguin (II), 1889
Národní galerie v Praze, Prague
Les créations uniques de Gauguin parlent de la quête d’un paradis terrestre perdu, elles évoquent la vie mouvementée d’un artiste entre les cultures, déterminée par la passion et la soif d’aventure. Aucun artiste à la recherche de soi et d’un art inédit ne s’est engagé sur des voies aussi aventureuses, aucun ne s’est rendu dans des contrées aussi lointaines que Paul Gauguin.

Nafea faaipoip (Quand te maries-tu?), 1892
Déposé au Kunstmuseum de Bâle,
il va partir au Qatar pour 300 millions de dollars.
Cochons Noirs, 1891
Collection privée



















 Enfance au Pérou, carrière dans la marine marchande qui l’a conduit à sillonner les mers, expériences de courtier en bourse puis vie de bohème dans le Paris fin de siècle, ami et parfois mécène des impressionnistes, membre de la communauté d’artistes de Pont-Aven, compagnon de Van Gogh à Arles. Découverte de Tahiti, ermite sur les îles Marquises... un nomade moderne,  marginal critique à l’égard de la civilisation occidentale. Gauguin a découvert une nouvelle forme de sensualité, d’exotisme, d’authenticité et de liberté pour l’art moderne. Il n'avait que 54 ans quand il mort à l'autre bout du monde, usé et amer.

Je n'ai pas noté le nom de cette sculpture.
Voilà ce qui arrive quand on prend en douce
une photo alors que ce n'était pas autorisé !
" Je pars pour être tranquille, pour être débarrassé de l’influence de la civilisation. Je ne veux faire que de l’art simple ; pour cela j’ai besoin de me retremper dans la nature vierge, de ne voir que des sauvages, de vivre leur vie, sans autre préoccupation que de rendre, comme le ferait un enfant, les conceptions de mon cerveau avec l’aide seulement des moyens d’art primitifs, les seuls bons, les seuls vrais. "  Paul Gauguin en conversation avec Jules Huret, 1891
 
Certaines toiles voyagent peu. C'est le cas de l'immense D'où venons-nous?
Qui sommes-nous? Ou allons-nous?
, réalisée par Gauguin avant une tentative de suicide en 1898.
Elle représente le cycle et le sens de la vie.
Museum of Fine Arts, Boston
De cette grande toile, j'ai préféré photographié
ce détail que j'ai aimé. Pour avoir des informations
sur la totalité de cette œuvre, c'est ici.
J'ai aimé toutes ces œuvres de Gauguin. J'ai découvert que l'on pouvait utiliser des couleurs vives et gaies en étant mélancolique et désespéré. Que l'on pouvait rêver de paradis sur terre, penser le trouver à l'autre bout de la planète - ce qui devait être tellement inhabituel à cette époque - et constater que la colonisation avait déjà détruit ce rêve.
 
L'autoportrait au Christ jaune, 1889
Musée d'Orsay, Paris
Pour une analyse détaillée, c'est ici.
http://www.fondationbeyeler.ch/fr/expositions/paul-gauguin/introduction

http://app.gauguin.fondationbeyeler.ch/fr/vips/