samedi 18 octobre 2014

Alpenbitter

A Shanghai, je trouvais fascinant tous ces jobs qui ne servaient à rien, ces gens qui étaient debout des journées entières à ne rien faire, sinon ouvrir la porte d'un magasin ou montrer où se trouvait la réception d'un hôtel (alors qu'on la voyait dès le tourniquet d'entrée franchi), ou nous regarder lorsque nous faisions une queue interminable dans une banque. Je me disais alors qu'il fallait bien occuper des tas de millions de gens. Je déchiffrais aussi les situations avec ma propre clé culturelle.


Maintenant, c'est avec la même clé que je déchiffre mon propre pays qui ne cesse de m'étonner. Quand j'ai mentionné dans Le miracle suisse toute l'admiration d'un journaliste français pour notamment notre taux de chômage, je me suis demandé ce que nous avions que les autres n'avaient pas compris. 
En Appenzell, on ne raconte pas n'importe quoi...
... la maison de l’étiquette existe de vrai !


Il n'a fallu que quelques jours pour que je découvre un élément de réponse. Dans un article à priori anodin :
" L'Alpenbitter victime des bureaucrates. Un inspecteur régional de la Régie fédérale des alcools a remarqué que les sacs de la société Appenzeller-Alpenbitter AG n'étaient pas réglementaires. La publicité pour l'alcool n'est autorisée que sur un sac à usage unique. Or celui de l'Alpenbitter est trop solide et peut réutilisé pour faire des courses. Du coup, selon Blick la société devrait détruire 10 000 sacs d'ici à la fin de l’année. Mais le fabricant a peut-être trouvé une parade en imprimant sur les sacs une photo des branches de chocolat fourrées à l'Alpenbitter, ce qui ne relève pas de la loi sur les spiritueux, mais de la loi sur les denrées alimentaires... Rusés, ces Appenzellois. "  (Le Matin, 15.10.2014)
Alors il faut les croire quand
ils disent que tout le monde en boit.
Vous aussi ! (mais pas moi)
Bureaucrate, c'est un bon job, on a toujours un petit truc à faire quand on est bureaucrate, et il en faut beaucoup pour toutes ces régies. Il a aussi fallu des juristes pour contourner la loi, des chimistes pour mesurer l'épaisseur des sacs, des journalistes pour raconter l'histoire en 3 langues et, espérons-le, un imprimeur pour changer les photos sur les sacs. Facile, non ? Bon, ça enlève du boulot aux publicitaires puisque les journaux en ont parlé...
Appenzell est un ancien canton suisse séparé en 1597 en deux demi-cantons
Appenzell Rhodes-Extérieures (52 654 habitants, chef-lieu Herisau, protestant)
Appenzell Rhodes-Intérieures (15 778 habitants, chef-lieu Appenzell, catholique)

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